LASS disparaît

Une enquête sonore de Marie Chartron et Anouschka Trocker sur les traces de Louisa Aslanian. Série : 5 épisodes de 30 min.
Diffusion dimanche 5 mars 2023 au Mémorial de la Shoah (Paris).

Au commencement de cette histoire – disons plutôt de ce voyage – il y a notre curiosité : nous avons entendu le nom de LASS pour la première fois lors de la présentation de Nos terres d’enfance, une anthologie de textes d’auteurs arméniens. Un passage de son roman Sur les chemins du doute, écrit dans les années 1930, y était traduit. L’éditrice Houry Varjabédian nous a accompagnées, guidées dans les sources en langue arménienne, a traduit cette langue que nous ne parlons pas. Nous l’appelons : la conteuse.

Qui était LASS ? Louisa Aslanian, écrivaine et résistante, proche de Missak Manouchian. Un portrait d’elle, celui qu’on trouve reproduit dans la plupart des sources la concernant, la montre la tête légèrement inclinée, col en fourrure remonté au goût du jour. Nous l’appelons : la photo de presse.

Quand est-elle née ? en 1902, 1904, 1906 ? La date diffère selon les sources. Nous apprenons que sa trace disparaît – ses textes, ses objets, jusqu’à son corps même. Elle est arrêtée et déportée quelques semaines seulement avant la libération de Paris. Dans cette enquête sonore au long cours, qui nous a conduites à Paris, Marseille, Leipzig, Ravensbrück et Erevan, nous tentons de remonter le fil de son histoire. Et comme pour les trous noirs, dont on ne peut déceler l’existence qu’en observant les ondes gravitationnelles, il nous a fallu explorer l’histoire de ceux qui l’entouraient et des lieux qu’elle a traversés pour saisir des bribes de son existence. Nous appelons cela : la vie possible de Louisa Aslanian.

Nous avons mené les recherches et fait les enregistrements de janvier à décembre 2022. Ce projet a été soutenu par le Sénat de Berlin – département culture et Europe, la Fondation Gulbenkian et le fonds de soutien aux artistes du Sud-Tyrol.

[Image : Louisa Aslanian – D.R.]