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La Mondialisation en 57 facettes…


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Série documentaire audio / 5 x 58 min / février 2019

UN GRAND VOYAGE DANS LA PETITE FAMILLE DU DIAMANT

Rediffusion de notre sĂ©rie documentaire radiophonique en 5 Ă©pisodes sur l’Ă©conomie mondiale du diamant sur la RTBF – la 1re, Ă©mission « Par ouĂŻ-dire », du mardi 8 janvier au mardi 5 fĂ©vrier 2019 Ă  22h.

Le diamant est-il vraiment Ă©ternel ? Soixante ans aprĂšs le fameux slogan inventĂ© par la De Beers, un Ă©tat des lieux du microcosme du diamant, qui emploie 1.500.000 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires annuel de 66 milliards de dollars, semble nĂ©cessaire : fin d’un monopole axĂ© sur le commerce Nord-Sud issu du colonialisme, Ă©mergence de nouveaux acteurs parmi lesquels une grande puissance asiatique affirme sa centralitĂ©, mise en place d’un processus de rĂ©gulation internationale, massification des ventes d’un produit autrefois considĂ©rĂ© comme luxueux, circulation planĂ©taire de la monnaie Ă  travers des paradis fiscaux et des rĂ©seaux discrets
 Cette sĂ©rie radiophonique (Ă  Ă©couter ci-dessous, un player par Ă©mission) tente d’observer, en cinq Ă©tapes remontant la filiĂšre de la mine Ă  la bijouterie, un phĂ©nomĂšne environ trentenaire que l’on appelle la mondialisation.
(voir texte dĂ©veloppĂ© en pied d’article)

1er volet – Mbuji Mayi (RD Congo) : Les comptes d’Anderson


« Mbongu », c’est le terme qui dĂ©signe le diamant en chiluba, langue nationale parlĂ©e dans le KasaĂŻ Oriental, province de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC). La plus grande rĂ©gion diamantifĂšre du pays est situĂ©e autour de Mbuji-Mayi, immense ville pionniĂšre qui a vu sa population passer de 30.000 en 1960 Ă  prĂšs de 2 millions d’habitants aujourd’hui. Cette croissance exponentielle s’explique par la libĂ©ralisation de l’extraction des diamants dĂ©cidĂ©e par le marĂ©chal Mobutu qui, en 1982, a mis fin au monopole de la SociĂ©tĂ© miniĂšre de Bakwanga (MIBA). FondĂ©e sous la colonisation belge, cette entreprise dĂ©tenue Ă  80 % par l’Etat congolais n’en finit pas d’agoniser, aprĂšs avoir Ă©tĂ© ponctionnĂ©e pour financer les conflits qui ont dĂ©chirĂ© le pays entre 1996 et 2003. ConcentrĂ©e sur le « Polygone », une zone rĂ©servĂ©e interdite aux creuseurs artisanaux, la production de la MIBA en 2007 n’a pas dĂ©passĂ© 1 million de carats, une quantitĂ© marginale par rapport Ă  l’exploitation artisanale.
Pourtant, fin 2008, celle-ci ne se porte guĂšre mieux. A cause de la dĂ©pression Ă©conomique mondiale, le diamant ne se vend plus et la crise frappe de plein fouet ceux qui sont le plus en amont de la filiĂšre du diamant : l’armĂ©e des creuseurs qui remuent la terre nuit et jour pour tenter d’attraper « une grosse pierre », des petits nĂ©gociants et des « grands patrons » qui s’efforcent de vendre leurs lots aux comptoirs d’exportation – pour la plupart libanais – sous le strict contrĂŽle de M. Anderson, l’expert anti-fraude venu de Kinshasa. Au KasaĂŻ, il y a longtemps que le diamant n’est plus un « secteur d’enrichissement rapide », sauf pour une poignĂ©e. Il est au mieux une chimĂšre qui nourrit la folie des hommes, au pire une malĂ©diction qui s’est refermĂ©e sur eux comme un piĂšge infernal.
Remerciements tout particuliers Ă  Esther Ndalafina et Ă  toute l’équipe de Radio Okapi de Mbuji-Mayi.
Diffusion sur France Culture les 27 avril, 5 mai, 27 août et 2 septembre 2009, les 1er et 2 juillet 2013, 10 octobre 2016
Diffusion sur la RTBF – La 1re, Ă©mission « Par ouĂŻ-dire », le 8 janvier 2019
Diffusion
in situ Ă  la librairie L’Atelier (Paris 20e) le 1er octobre 2009, accompagnĂ©e d’un diaporama (photographies de Samuel Turpin/Gamma) et suivie d’une rencontre avec Benjamin Bibas et Emmanuel Chicon, dans le cadre du festival Belleville de bas en haut
Diffusion in situ au Polygone Ă©toilĂ© (Marseille) le 15 novembre 2009, accompagnĂ©e d’un diaporama (photographies de Samuel Turpin/Gamma), dans le cadre de la programmation « Incertains usages du monde » (Peuple et Culture Marseille, en partenariat avec Les Écrans documentaires d’Arcueil)
Diffusion in situ au 41e Festival de cinéma de Douarnenez le 23 août 2018

2e volet : Anvers (Belgique) : La part du tigre


A l’entrĂ©e du zoo d’Anvers attenant au musĂ©e du diamant, deux mosaĂŻques se font face. L’une reprĂ©sente un lion, emblĂšme de la Flandre et de la Belgique ; l’autre un tigre, fauve qui pourrait symboliser l’Inde, tant les firmes issues de ce pays rĂšgnent aujourd’hui presque sans partage sur la capitale internationale du diamant. Si Anvers prĂ©tend encore attirer 80 % de la production mondiale du brut et 50 % du taillĂ©, Ă©changĂ©s dans l’une de ses quatre bourses diamantaires, 70 % de son chiffre d’affaires import-export est dĂ©sormais rĂ©alisĂ© par des compagnies indiennes, qui raflent 6 des 12 siĂšges d’administrateur de la structure rĂ©gissant le secteur dans la ville, le Antwerp World Diamond Center.
EclaboussĂ©s au tournant des annĂ©es 2000 par les rapports d’ONG dĂ©nonçant les « diamants du sang » venus de la Sierra Leone et d’Angola, confrontĂ©s Ă  la formalisation extrĂȘme des transactions induite par le Processus de Kimberley censĂ© prĂ©venir le commerce de diamants issus de conflits, les diamantaires anversois s’interrogent
 Il y a d’ailleurs une bonne vingtaine d’annĂ©es que la capitale flamande a vu ses tailleries dĂ©localisĂ©es en Inde et que sa communautĂ© juive, longtemps dominante dans le secteur aux cĂŽtĂ©s des ArmĂ©niens et des Libanais, a Ă©tĂ© supplantĂ©e par les nouveaux maĂźtres venus d’Asie. Tant et si bien qu’à Anvers mĂȘme, les Belges ne semblent plus vraiment avoir la main

Remerciements tout particuliers à Francis Garçon et à Eddy Vleeschdrager.
Diffusion sur la RTBF – La 1re, Ă©mission « Par ouĂŻ-dire », les 15 et 21 janvier 2019
Diffusion sur France Culture les 28 avril et 6 mai 2009, 2 et 3 juillet 2013, 11 et 13 octobre 2016

3e volet : Bombay (Inde) : Le grand jeu des Shah et des Mehta


Dans la famille Shah, je voudrais le fils
 Sans doute nulle part autant qu’en Inde, oĂč il a Ă©tĂ© dĂ©couvert dans la rĂ©gion de Golkonde (Andhra Pradesh) au XVe siĂšcle, le diamant est une affaire (lucrative) qui se gĂšre en famille. Deux grandes familles, principalement : les Shah et les Mehta. Pendant qu’à Anvers, les entreprises familiales s’approvisionnaient en brut auprĂšs de la firme patriarcale De Beers ou captaient les pierres en provenance de l’ex-empire colonial, les Indiens, ex-colonisĂ©s eux-mĂȘmes, ont tout de suite pensĂ© « global » en se taillant une place au soleil avec les chutes de diamants polis dont personne ne voulait en Occident. Partis Ă  la conquĂȘte du vaisseau amiral anversois, ils ont fini par en prendre la barre et ont envoyĂ© neveux, cousins
 aux quatre coins de la planĂšte.
N’en dĂ©plaise d’ailleurs au plus fameux dramaturge de l’ex-colonisateur anglais, les Montagut/Shah et les Capulet/Mehta se marient parfois entre eux et se sont entendus comme larrons en foire pour Ă©crire en Ă  peine cinquante ans ( !) la plus bollywoodienne des sagas industrielles. RĂ©sultat : en 2009, l’Inde taille 90 % des diamants du monde en volume (50% en valeur), et dans le club trĂšs sĂ©lect des 82 clients de la De Beers, 30 dĂ©sormais sont Indiens. Il faut dire que Lakshmi, dĂ©esse de la prospĂ©ritĂ© dans le panthĂ©on hindouiste, ne joue pas aux dĂ©s : les Shah et les Mehta partagent une mĂȘme religion (le jaĂŻnisme), ont grandi pour la plupart dans une mĂȘme ville (Palanpour) et surtout, ont le mĂȘme ethos du business. Manquait juste l’occasion, qui se prĂ©senta au tournant des annĂ©es 1960. Il Ă©tait une fois dans une petite ville du Gujarat

Remerciements tout particuliers à Dilip Mehta et à Suketu Mehta, auteur de « Bombay, Maximum City » (Buchet-Chastel, 2006).
Diffusion sur la RTBF – La 1re, Ă©mission « Par ouĂŻ-dire », le 22 janvier 2019
Diffusion sur France Culture les 29 avril et 7 mai 2009, 3 et 4 juillet 2013, 12 octobre 2016

4e volet : Dubaï (Emirats arabes unis) : Cheikh emploi service


Surgie du sable en moins de deux ans, la Almas Tower (« almas » signifie diamant en arabe), haute de plus de 300 mĂštres, incarne Ă  elle seule l’ambition de DubaĂŻ de devenir le prochain centre mondial du diamant. HĂ©ritier d’une longue tradition marchande et d’un rĂŽle ancien dans le commerce de biens prĂ©cieux, les perles et l’or tout particuliĂšrement, le petit Ă©mirat parie sur sa situation gĂ©ographique idĂ©ale, Ă  mi-chemin entre l’Afrique (premier producteur de bruts) et l’Inde (premier producteur de taillĂ©s) et sur sa proximitĂ© avec les marchĂ©s de dĂ©tails Ă  fort potentiel (le Golfe, les clients indiens, chinois
).
L’actuel dirigeant de DubaĂŻ, Cheik Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, a d’ailleurs su s’entourer de personnalitĂ©s « compĂ©tentes dans leur branche » : quelques Anversois qui, sans doute lassĂ©s des tracas que subissait le secteur dans leur chĂšre patrie, ont Ă©pousĂ© la « vision » de « Cheik Mo », comme on le surnomme parmi les expatriĂ©s. Celui-ci gĂšre Ă©galement son Ă©mirat en PDG avisé : le futur « hub » diamantaire du XXIe siĂšcle prĂ©sente ainsi bien d’autres avantages qui en font un paradis
 fiscal pour les amoureux du cristal de carbone. A DubaĂŻ, on est peu regardant sur la valeur des pierres brutes et taillĂ©es qui entrent et sortent puisque les taxes sur les profits tiennent du mirage et que l’on y pratique un art consommĂ© de la comptabilitĂ© pas trop analytique. Alors, la plupart des diamantaires du monde entier ont dĂ©jĂ  rĂ©servĂ© leur bureau – parfois leur Ă©tage – dans la Almas Tower et tout ce petit monde se dit que, dĂ©cidĂ©ment, les diamants brillent plus intensĂ©ment sous le soleil du Golfe que sous la fameuse lumiĂšre du Nord

Remerciements tout particuliers Ă  Jean Van der Donckt.
Diffusion sur la RTBF – La 1re, Ă©mission « Par ouĂŻ-dire », le 29 janvier 2019
Diffusion sur France Culture les 30 avril et 8 mai 2009, 13 octobre 2016
Diffusion in situ Ă  l’exposition « Emirates City », du 3 au 31 octobre 2009 Ă  La Ferronnerie (Dijon), puis du 28 novembre 2009 au 28 fĂ©vrier 2010 Ă  Latitude 21 (Dijon)

5e volet : Place VendÎme (Paris) : Tournez manÚges !


Sur la place VendĂŽme et dans la rue de la Paix qui lui est contiguĂ«, la haute joaillerie parisienne – la « haute jo’ » comme on dit dans le mĂ©tier – n’est plus ce qu’elle Ă©tait. La « Place » avait construit sa rĂ©putation mondiale sur son savoir-faire artisanal hors pair et sa capacitĂ© Ă  rĂ©aliser des piĂšces diamantĂ©es uniques pour des clients richissimes
 jusqu’à ce que l’industrie, dĂ©couvrant une nouvelle poule aux Ɠufs d’or, ne s’en mĂȘle.
A l’orĂ©e des annĂ©es 2000, une poignĂ©e de grands groupes du luxe – PPR, LVMH – ou ayant accompli leur mue – Richemont, firme venue du tabac
– ont fait leur entrĂ©e Ă  pas feutrĂ©s dans la joaillerie en rachetant Boucheron, Cartier, Van Cleef & Arpels, Chaumet
 les maisons historiques qui avaient façonnĂ© la rĂ©putation de la Place. D’ailleurs, en faire le tour ne suffit plus Ă  comprendre le marchĂ© de la bijouterie diamantĂ©e en France. La majoritĂ© des ventes a dĂ©sormais lieu dans des magasins s’adressant au plus grand nombre, qu’il s’agisse des 271 « ManĂšges Ă  bijoux » des hypermarchĂ©s Edouard Leclerc – premier bijoutier de France en 2008 – ou des boutiques Tati Or, l’une d’entre elles venant d’ouvrir prĂ©cisĂ©ment rue de la Paix. Commercialisant des bijoux Ă  quelques dizaines d’euros sur lesquels sont montĂ©s de minuscules diamants taillĂ©s en Inde ou en ExtrĂȘme-Orient, ces points de vente incarnent Ă  l’aval de la filiĂšre du diamant, dans le domaine de la bijouterie, la massification du commerce des pierres induite par la montĂ©e en puissance des gĂ©ants asiatiques. De quoi faire tourner en bourrique la panthĂšre Cartier

Remerciements tout particuliers Ă  Steve Van Beirs.
Diffusion sur la RTBF – La 1re, Ă©mission « Par ouĂŻ-dire », le 5 fĂ©vrier 2019
Diffusion sur France Culture les 1er et 9 mai 2009

Cette série doit beaucoup à Pierre Chevalier, à Francis Garçon, à Dilip Mehta (Rosy Blue) et à Eddy Vleeschdrager, à qui nous adressons nos remerciements les plus chaleureux et les plus reconnaissants.

Voir aussi « La Mondialisation en 57 facettes… » en version web/mini lecteur flash

Voir aussi le diapocast Mbuji-Mayi : l’ordre du polygone

« C’est la fantaisie des hommes
qui met le prix à ces choses frivoles »
Voltaire, Contes, Le Monde comme il va.

Le diamant est-il vraiment Ă©ternel ? Soixante ans aprĂšs le fameux slogan inventĂ© par la De Beers, un Ă©tat des lieux du microcosme du diamant, qui emploie 1.500.000 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires annuel de 66 milliards de dollars, semble nĂ©cessaire. D’abord parce que la De Beers, justement, n’est plus l’acteur hĂ©gĂ©monique qu’il a Ă©tĂ© jusque dans les annĂ©es 1950 et 1960, Ă  l’époque mythique oĂč le cristal de carbone pur Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ© Ă  Hollywood par des stars comme Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn. La compagnie anglo-sud-africaine basĂ©e Ă  Londres, fondĂ©e en 1888 par le colonisateur britannique Cecil Rhodes et dĂ©tenue par la famille Oppenheimer, a en effet perdu le quasi-monopole qu’elle exerçait sur l’approvisionnement en diamant brut. De nouveaux acteurs, d’une puissance industrielle comparable, sont apparus : Russes, Canadiens et surtout Australiens, dont les compagnies miniĂšres Rio Tinto et BHP Billiton ont dĂ©sormais largement investi les cheminĂ©es kimberlitiques (oĂč sont extraits industriellement les diamants). Pendant ce temps en Afrique, notamment en Sierra Leone et en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, l’exploitation artisanale s’est largement dĂ©veloppĂ©e, souvent avec des guerres civiles en toile de fond, ce qui a fait naĂźtre l’expression de « diamants du sang ».

Anvers, capitale mondiale des bourses diamantaires qui a connu son heure de gloire dans les « golden sixties », a elle aussi perdu de sa superbe. La mise en place en 2003 du Processus de Kimberley, mĂ©canisme international prohibant l’achat et la vente des pierres provenant de zones de conflits, a introduit du formalisme dans un commerce anversois autrefois rĂ©gi par la confiance orale. Surtout, dĂšs les annĂ©es 1980, l’essentiel des tailleries de la ville ont Ă©tĂ© dĂ©localisĂ©es en Inde. En une trentaine d’annĂ©es, ce pays Ă©mergent est en effet devenu la puissance majeure du secteur, taillant 90 % du volume et 50 % de la valeur des diamants circulant dans le monde. Les diamants bruts achetĂ©s en Belgique sont acheminĂ©s jusqu’à Bombay par des firmes multinationales Ă  capitaux indiens comme Rosy Blue, Eurostar ou Diarough, qui ont supplantĂ© leurs concurrents au fonctionnement plus artisanal, issus des diasporas armĂ©nienne et libanaise ou encore de la communautĂ© juive d’Anvers.

Car dans le mĂȘme temps, la taille du marchĂ© a changĂ© : l’émergence d’une classe moyenne asiatique multiplie les occasions de vendre du bijou diamantĂ©, d’autant que celui-ci, ornĂ© dĂ©sormais de minuscules pierres, est devenu accessible au plus grand nombre. L’émirat de DubaĂŻ l’a bien compris, qui fonctionne comme une zone franche et attire dans ses prestigieux shopping malls des dizaines de millions de clients venus du monde entier. Chaque transaction effectuĂ©e dans l’émirat est Ă©galement l’occasion d’enregistrer un bĂ©nĂ©fice dĂ©taxĂ©, sans trace comptable, ce qui facilite la circulation des capitaux Ă  l’intĂ©rieur de groupes diamantaires dĂ©sormais mondialisĂ©s.

Dans ce paysage, la place VendĂŽme, jadis lieu mythique de la haute joaillerie française, est devenue anecdotique. Les anciennes maisons traditionnelles que sont Cartier ou Boucheron ont certes Ă©tĂ© rachetĂ©es par des grands groupes de luxe. Mais leur chiffre d’affaires en France est de loin dĂ©passĂ© par les « ManĂšges Ă  bijoux » des hypermarchĂ©s Edouard Leclerc, alors qu’une nouvelle boutique Tati Or vient d’ouvrir rue de la Paix
 autant de magasins qui prennent rarement la peine de certifier leurs pierres.

Fin d’un monopole axĂ© sur le commerce Nord-Sud issu du colonialisme, Ă©mergence de nouveaux acteurs parmi lesquels une grande puissance asiatique affirme sa centralitĂ©, mise en place d’un processus de rĂ©gulation internationale, massification des ventes d’un produit autrefois considĂ©rĂ© comme luxueux, circulation planĂ©taire de la monnaie Ă  travers des paradis fiscaux et des rĂ©seaux discrets
 Autant de faits qui incitent Ă  penser que le diamant, Ă©ternel ou non, a perdu de son unicitĂ©, mĂȘme s’il demeure le prisme transparent qu’il a toujours Ă©té  un prisme par lequel cette sĂ©rie tente d’observer, en cinq Ă©tapes remontant la filiĂšre de la mine Ă  la bijouterie, un phĂ©nomĂšne environ trentenaire que l’on appelle la mondialisation.

Production déléguée
Benjamin Bibas et Emmanuel Chicon

RĂ©alisation
Jean-Philippe Navarre

Producteur coordinateur
Jean Lebrun

Coproduction
« Sur les docks » (France Culture)
la fabrique documentaire

Diffusions
PremiÚre diffusion de la série sur France Culture, émission « Sur les docks », du 27 avril au 1er mai 2009
Autres diffusions : voir chaque Ă©pisode