REPENSER LE LIEN ENTRE L’HUMAIN ET LES AUTRES ANIMAUX
Du 26 août au 11 septembre 2021, la fabrique documentaire présente la 7e édition de Ciné-Jardins.
Du fait de lâaction humaine, la planĂšte continue de traverser depuis des dĂ©cennies une crise Ă©cosystĂ©mique majeure, qui atteint aujourdâhui une gravitĂ© telle que son Ă©vocation est devenue en France un passage obligĂ© des discours dominants. Au-delĂ de la question nodale du climat, deux chiffres suffisent Ă la rĂ©sumer : au cours des cinquante derniĂšres annĂ©es, la population mondiale des animaux vertĂ©brĂ©s a chutĂ© de plus de 50 % ; au cours du dernier siĂšcle, les disparitions dâespĂšces animales ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par 100, pour atteindre un rythme sans prĂ©cĂ©dent depuis lâextinction des dinosaures il y a 66 millions dâannĂ©es[1].
Dans ce contexte, CinĂ©-Jardins choisit cette annĂ©e de prĂ©ciser son propos. Non plus aborder lâĂ©cologie au sens large, puisque cette fonction est aujourdâhui assez largement assurĂ©e par les institutions. Mais pour la premiĂšre fois creuser une question, celle du lien entre lâhumain et les autres animaux, tant il apparaĂźt que ce lien est aujourdâhui structurellement morbide, se traduisant par une pratique gĂ©nĂ©ralisĂ©e du zoocide Ă des fins alimentaires et par une hĂ©catombe dâanimaux sauvages inĂ©dite Ă lâĂ©chelle de notre Ăšre gĂ©ologique. Mais aussi â la zoonose reste Ă ce jour lâhypothĂšse la plus probable â par une crise sanitaire humaine causant plus de morts par an que la seconde guerre mondiale dans notre seul pays. Et toujours documenter, câest-Ă -dire inviter le public Ă une expĂ©rience documentaire oĂč le sensible se conjugue Ă la rĂ©flexion, pour engendrer possiblement une mobilisation.
Dans cette dĂ©marche, les cinĂ©astes sont bien sĂ»r nos premiers guides : Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot, Alessandro Cattaneo, Luc Jacquet, Suzie Templeton, Jean Rouch, Tamara Kotevska et Ljubomir Stefanov, proposent autant dâexpĂ©riences cinĂ©matographiques engagĂ©es oĂč la position du corps et de la camĂ©ra construisent une relation humain-animal empreinte dâune curiositĂ©, dâune empathie et dâune luciditĂ© qui pensent lâanimal comme finalitĂ© et Ă©rigent des remparts contre la mutuelle destruction. Jean-Michel Bertrand, qui pousse cette logique avec une rigueur remarquable dans son observation filmĂ©e des loups du Vercors, nous fait lâhonneur de sa prĂ©sence. Mais nous nous laissons aussi inspirer par les jardins partagĂ©s et autres lieux de nature en ville qui nous accueillent et promeuvent chaque jour en actes un lien harmonieux au vivant. CinĂ©-Jardins reste comme toujours une invitation Ă dĂ©couvrir ces lieux.
« On pourrait dĂ©fendre que dans une certaine mesure, dans des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques traversĂ©es par de grands flux dâinformation, le politique est en aval de la culture : au sens de la reprĂ©sentation de la vie dĂ©sirable, des seuils du tolĂ©rable et de lâintolĂ©rable », Ă©crit le philosophe Baptiste Morizot. « ConsĂ©quemment, pour changer de politique, il sâagit aussi de transformer le champ de lâattention Ă ce qui importe »[2]. A la veille du CongrĂšs de lâUnion internationale pour la conservation de la nature qui se tient Ă Marseille, en lien avec la campagne Zone Sauvage et au documentaire Animal de Cyril Dion qui sâassocient Ă notre manifestation, CinĂ©-Jardins 2021 essaie de contribuer Ă cette haute ambition.
Benjamin Bibas et Marine Cerceau, coordinateurs Ciné-Jardins 2021
[1] Sources : WWF, UICN.
[2] in ManiĂšres dâĂȘtre vivant (Actes Sud, 2020).
En savoir plus :
â TĂ©lĂ©charger le Bilan CinĂ©-Jardins 2021
â Le site de CinĂ©-jardins 2021
â TĂ©lĂ©charger le programme 4-pages en .pdf
â Nous suivre sur Facebook : https://www.facebook.com/cinejardinsparis
– Visionner la bande-annonce :